Ce que j’aurais aimé savoir plus tôt sur l’investissement

Parmi les nombreuses choses importantes de la vie à propos desquelles il ne faut pas compter sur l’école pour acquérir les connaissances fondamentales, il y a le sujet des finances personnelles. N’ayant pas eu l’occasion d’en parler en famille, et pratiquement jamais non plus avec mes amis, ma stratégie personnelle s’est toujours résumée à :

  • essayer de dépenser moins que ce que je gagnais,
  • épargner l’éventuel surplus sur deux supports : le livret jeune (puis livret A) et l’assurance vie.

Au fil des années, j’ai découvert au hasard de discussions et de lectures d’articles de presse que cette stratégie était loin d’être optimale et que mon absence d’implication sur ces questions me faisait perdre du pouvoir d’achat à court terme ainsi que des opportunités importantes à long terme. Dans cet article, je liste quelques informations que j’aurais aimé connaître plus tôt.

Les conseillers bancaires ne donnent pas les meilleurs conseils

En première approche, ça me semblait logique de demander conseil à ma banque pour décider comment placer mes premières économies. En réalité, la fonction de « conseiller bancaire » est mal nommée, il s’agit plutôt d’un « vendeur de produits financiers », de la même façon qu’un agent immobilier qui cherche à vendre un bien à un potentiel acquéreur est davantage à regarder comme un vendeur de biens immobiliers que comme un spécialiste disposé à gentiment donner des conseils gratuits aux potentiels acquéreurs. L’agent a toutes les raisons d’être davantage motivé par l’obtention de sa commission sur la vente plutôt que par le souci de trouver le bien répondant au mieux aux besoins de l’acquéreur.

Comme tout vendeur, le « conseiller » bancaire ne peut proposer que les produits de sa boutique, et sert en priorité les intérêts de son entreprise plutôt que ceux de ses clients. Quand je suis allé demander à ma banque ce qu’elle pouvait me proposer comme solutions de placement, j’ai observé que le rendement des produits qu’elle me présentait était moins bon que des produits équivalents disponibles en quelques clics sur Internet… J’ai vite compris que la différence se jouait dans les frais de gestion – il faut bien que l’argent qui sert à faire tourner les agences bancaires vienne de quelque part.

En outre, c’est par la presse que j’ai appris l’existence du livret d’épargne populaire (LEP), un support auquel j’étais éligible et qui était particulièrement bien rémunéré pour un risque minime. Une personne motivée à me donner les meilleurs conseils de placements pour préserver mes intérêts m’aurait évidemment recommandé d’en ouvrir un au plus vite. Pourtant, ma banque ne m’a jamais parlé de son existence – certainement parce que ce n’est pas sur l’épargne réglementée qu’elle se fait la plus grosse marge.

À propos de ces deux premiers point, je recommande cette interview (de la 7e à la 12e minute) et cette interview (de la 20e à la 25e minute ainsi que la 31e minute) d’un ex-trader devenu dirigeant d’une plateforme de trading. Il est dans son intérêt économique de convaincre les particuliers de ne pas passer par leur banque pour faire des placements, et de s’inscrire plutôt sur sa plateforme de trading. Le conseil qu’il donne est clairement intéressé. Mais il n’empêche qu’il donne quelques éclairages sur le métier de « conseiller bancaire » que je trouve intéressants.

Les conseillers en investissements financiers non plus

Un jour, quand j’ai confié à un ami que je n’y connaissais rien en placements financiers au-delà du livret A, du LEP et de l’assurance vie, il m’a orienté vers son conseiller en investissements financiers (CIF) : une professionnel dont l’activité est réglementée, qui n’est affilié à aucune banque et qui revendique de proposer une gamme plus large de produits financiers. Il m’a fait placer une petite partie de mon épargne dans une société de promotion immobilière, avec l’ambition affichée de gagner 6 % par an en moyenne avec un horizon de placement de 5 ans. Ce fut un échec : les performances du placement ont été inférieures, de sorte que je me suis retrouvé à la fin avec la même somme qu’au départ. Entre temps néanmoins, le conseiller et la banque dans laquelle il m’avait fait ouvrir un PEA-PME pour ce placement ont empoché des frais de gestion, représentant un peu plus de 18 % de la somme placée !

Cela m’a fait comprendre une chose : les « conseillers » qui sont en fait des vendeurs se rémunèrent d’abord, via les frais de gestion qui peuvent sembler insignifiants de prime abord (car présentés sous forme de faibles pourcentages, ou mentionnés dans de petites lignes des contrats proposés…). Puis si le produit financier permet de dégager davantage de bénéfices, alors seulement le client en profite.

Manifestement, il vaut mieux soit trouver un vrai conseiller, rémunéré par exemple à la consultation (de manière à ne pas orienter ses conseils en fonction d’une marge qu’il chercherait à maximiser pour pouvoir bien se payer) – mais les conseillers rémunérés à l’heure sont rares, soit prendre le temps de se renseigner par soi-même. J’ai fini par opter pour cette dernière option, considérant que de toute façon, il est toujours souhaitable de comprendre ce que l’on achète (le recours à un conseiller ne remplace pas l’indispensable étape des recherches personnelles).

Ce n’est pas parce que le montant du patrimoine augmente qu’on s’enrichit

Naïvement, j’ai longtemps pensé que je m’enrichissais grâce au livret A, celui-ci rapportant à coup sûr des intérêts chaque année. Puis j’ai compris qu’un taux d’intérêt inférieur à l’inflation était synonyme d’appauvrissement : une telle situation signifie que le coût de la vie augmente plus vite que le montant de l’épargne. Dorénavant, mon objectif en matière d’épargne est de faire au moins aussi bien que l’inflation (qui peut varier fortement d’une année à l’autre : 0,5 % en 2020 contre 4,9 % en 2023).

Les ETF les plus connus rapportent davantage que le livret A, depuis des décennies, et pour pas cher

Le conseil que j’entends le plus souvent circuler parmi la petite partie de mes amis qui s’intéressent aux investissements ainsi parmi les passionnés d’investissement les plus populaires sur Internet est d’acheter des parts de fonds cotés en bourse (ETF – voir aussi cette série très détaillée sur le sujet), qui suivent un indice boursier tel que le S&P 500 ou le MSCI World. Ces fonds prennent très peu de frais et leurs performances à long terme dépassent facilement l’inflation – avec des fluctuations qui peuvent toutefois être importantes et supposent donc d’être dans une logique de placement sur le long terme. Même les propos les plus prudents sur lesquels je suis tombé concernant les ETF soulignent que malgré l’incertitude sur l’avenir du monde, on peut raisonnablement espérer s’enrichir au-delà de l’inflation avec ce type d’investissement (voir ici des conseils sur le choix d’ETF « pour débutant »). La critique la plus forte contre ce type d’investissement concerne l’absence de ciblage éthique des choix d’investissement : on mise sur le monde tel qu’il est, incluant donc l’industrie du tabac, de l’armement, des énergies fossiles, et des activités telles que la lutte contre l’immigration ou la déforestation. Le jeune vidéaste qui émet cette critique préconise à la place de constituer un portefeuille d’actions bien choisies, plus éthiques – mais cela demande un effort de gestion active « une à deux fois par an au moins » (en ayant en tête que 80 % des particuliers qui achètent des actions sont perdants car ils ont tendance à se laisser avoir par la panique et vendre trop vite lorsque le cours baisse). Ce vidéaste compare les deux stratégies (passive et active) de façon intéressante sur les critères du temps (les ETF demandent moins de temps), du coût (les ETF sont plus chers), du rendement (ça dépend) et du risque (ça dépend). Évidemment, il est possible de faire les deux à la fois.

Le crowdfunding immobilier est accessible dès 1 € et peut rapporter 10 % brut par an

Je suis depuis 2016 les dossiers de présentation de projets de crowdfunding immobilier (une activité autorisée en France par l’Autorité des marchés financiers depuis seulement 2014) proposés par la plateforme Homunity, et je constate que sur 531 projets, il n’y a eu aucun projet en perte définitive (seulement des projets en retard, avec versement d’intérêts de retard). Les projets proposés rapportent jusqu’à 11 % brut par an et il faut investir au moins 1 000 € (ou 1 € chez le concurrent La Première brique, qui n’a pas connu de perte définitive depuis son lancement en 2019 et dont les retards sont moins élevés que sur la plupart des autres plateformes). Il est important de bien comprendre les différents types de garanties proposées dans chaque projet.

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